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Ibuso Metallistic

Toutes les tendances, du rock dur au rock fort !

Gary Moore s'en va

gary moore

Robert William Gary Moore

(1952 - 2011)

Pour beaucoup, Gary Moore, c'est d'abord l'interminable sustain au beau milieu de la version live de Parisienne Walkways. Ce n'est pas un mauvais titre, Parisienne Walkways, c'est juste que les radios de chez nous ont réussi à nous la resservir jusqu'à la nausée. Au passage, cela nous réduit Gary Moore au rôle de crooner larmoyant qui aussi, parait-il, jouerait du blues.

De tout cela, il faut désormais parler au passé : Gary est décédé d'un arrêt cardiaque dans une chambre d'hôtel en Espagne, au matin du 6 février.

Le visage couturé, la trogne volontiers boudeuse, Gary Moore fut d'abord un guitariste flamboyant. Imaginez deux secondes le bonheur de grandir à Belfast, Irlande du Nord, dans les années cinquante et vous prendrez mieux la mesure de la colère qui a pu habiter le personnage comme s'explique mieux sa décision de fuir le plus tôt possible de l'autre côté de la frontière, histoire de tenter sa chance du côté de Dublin.

Son jeu incendiaire le fait très vite repérer et c'est encore adolescent qu'il intègre le monde de la musique professionnelle. Par le biais par exemple de Skid Row, première expérience sérieuse avec un groupe qui touche un peu à tout, le prog, la psyché, le jazz un peu  et le blues aussi, le temps d'enregistrer trois albums et à ne pas confondre avec le groupe américain du même nom apparu vingt ans plus tard. C'est au sein de Skid Row que Gary croise une première fois Phil Lynott, présence qui le poursuivra toute sa vie.

C'est en 1973 que Gary décide de voler de ses propres ailes avec Grindin' Stone, son album solo à lui, dans lequel, tous potards dans le rouge, il peut lancer des notes un peu partout, dans tous les styles qu'affectionnait Skid Row. Et puis l'année suivante, appel de Lynott qui lui propose d'intégrer Thin Lizzy, alors en panne de guitariste. Le temps d'un 45 tours, d'un solo sur le slow du moment et d'un bout de tournée. Les personnalités se heurtent et Gary ne reste pas.

 

Il rejoindra Colosseum II, formation progressive très orientée jazz rock, avec laquelle il s'amusera pendant quatre ans.

 

Avant que Phil Lynott ne le rappelle pour les mêmes raisons qu'auparavant. Cette fois-ci, la collaboration sera nettement plus fructueuse puisqu'elle consistera en une tournée et demie (!) et deux albums. Gary Moore enregistre donc Back On The Streets (1978) qui est son deuxième album solo, auquel collabore quasiment tout Thin Lizzy, Lynott chantant même sur un titre qu'il a écrit et qu'il donne à son complice, le fameux Parisienne Walkways. Gary joue ensuite sur Black Rose, l'album de Thin Lizzy paru l'année suivante. Et tout ce petit monde part en tournée... une tournée que Gary quitte au beau milieu : le choc des egos, une fois de plus.

 

L'énergie, la colère, la fureur. Gary monte G-Force pour consacrer toutes les siennes à l'exécution d'un hard rock fort en gueule qui lui amènera le succès, aussi sous son propre nom : notre homme est désormais reconnu comme le guitare hero ultime de la première moitié des années quatre-vingt, aux côtés de Michael Schenker, un peu derrière Eddie Van Halen.

 

 

Les albums, les tournées s'enchaînent. Il faut signaler, en 1985, Run For Cover, où une fois de plus Gary croise le chemin de Phil Lynott, le temps d'enregistrer deux titres dont cet Out In The Fields, au potentiel consiencieusement exploité à coups de 45 tours et de video.

(Ces clips des 80's ont quand même une saveur particulière...)

 

Grosse carrière donc, surtout au Japon mais aussi en Europe. Pourtant, la lassitude pointe. 1987 verra la parution de Wild Frontier, extraordinaire album aux consonnances très celtiques que son promoteur expliquera être une sorte d'hommage rendu à un Phil Lynott disparu l'année précédente. Quand on vous disait que ces deux-là... Et ce n'est pas fini !

 

Et puis encore un album de hard rock, pas très inspiré, lassitude toujours... Et le blues, le blues que Gary chérit depuis ses plus jeunes années, le blues électrique qu'il rêve de jouer depuis qu'il a vu Jimi Hendrix en concert, le blues est là, à portée de manche de guitare, et c'est l'album Still Got The Blues, avec ses invités prestigieux (Albert Collins, Albert King...) et son gros succès public qui fait comprendre à Gary qu'il a trouvé son Graal. Il ne le lachera plus.  Parfois, tout de même on s'octroie une sorte de récréation : au milieu de ses livraisons régulières, notre homme se permet de la dispensable pop gentille (Dark Days In Paradise) ou un intéressant album très marqué electro (A Different Beat), intéressant parce que pas mal réussi si on le compare à ce que d'autres guitar-heroes ont fait dans le genre. Il y aura aussi BBM, avec Ginger Baker et Jack Bruce, où Gary joue la place qu'avait Clapton au sein de Cream. Il y a aussi, dans un genre similaire, l'étonnant album Scars. Aussi électrique que cela paraisse dans ces deux derniers cas, nous ne nous éloignons pas vraiment du blues. Au passage, il se mumure qu'un album de rock celtique était en préparation...

 

 

Et il y a eu aussi de concert hommage à Phil Lynott (encore !) en 2005 à l'occasion de l'érection de la statue du personnage en plein coeur de Dublin, concert édité en DVD sous le titre "Gary Moore & Friends", ce qui a eu le don d'agacer considérablement ceux qui l'ont accusé de vouloir récupérer l'événement... Choc des egos... Cela dit, la carrière de Gary Moore avait pris une forme bien rodée ces vingt dernières années, une carrière sans histoire donc mais avec un vrai don de soi sur scène, de l'énergie, de la sueur et... le sustain de Parisienne Walkways ! Et la foule est contente.

Mais c'est la fin qui est abrupte.

 

Ce qu'Ibuso a surtout retenu de Gary Moore :

thin lizzy black rose

THIN LIZZY - Black Rose © 1979

 

gary moore Dirty fingers

GARY MOORE - Dirty Fingers © 1984

 

gary moore wild frontier

GARY MOORE - Wild Frontier © 1987

 

gary moore still got the blues

GARY MOORE - Still Got The Blues © 1990


gary moore scars

SCARS © 2002

 

Pour le reste, c'est vous qui voyez.

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