Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Ibuso Metallistic

Toutes les tendances, du rock dur au rock fort !

OCTOBER FALLS - The Plague Of A Coming Age (2013)

October.jpg

OCTOBER FALLS - The Plague Of A Coming Age (© 2013 Debemur morti)

Des potes musiciens de différents groupes de réputation mondiale qui se réunissent pour un projet musical, souvent différent de leurs travaux habituels, c'est courant. On appelle ça, dans le jargon musical, un supergroupe, un all-stars band... October Falls n'est pas franchement à classer dans cette catégorie bien particulière dont les sorties suscitent toujours attente et interrogation. En fait, ce soit disant supergroupe, formé en 2001 n'en est pas tout à fait un et n'en est pas à son coup d'essai. Paradoxalement, par rapport à la notoriété des musiciens qui le composent (ou l'ayant composé), j'étais juste qu'ici passé totalement à côté d'October Falls. Même de nom.

Un style et un univers intimiste, comme beaucoup de groupes finnois, October Falls fait preuve de discrétion. On imaginerait presque Mikko Lehto lâcher durant une séance de promotion : "Attention, ne parlez pas trop fort, on va savoir qu'on s'apprête à sortir un album !". Il faut donc savoir qu'October Falls en réalité le groupe d'un seul homme, ce fameux Mikko Lehto, lequel n'a possédé aucun compte que ce soit aidant à la promotion sur internet, et ce durant de nombreuses années. Pas de Facebook, pas de Myspace, pas de Twitter, pas de site. La vie en rose. Pas franchement évident de se faire un nom, surtout en étant également très discret dans la presse et ne sortant pas souvent des terres froides du grand nord. L'objectif est visiblement ailleurs ici, sans préoccupation aucune d'aller véritablement chercher le public. Le public viendra de lui même et comprendra, quand le moment sera venu. Faire régner l'incertitude, l'austérité, est un sport national en Finlande où il faut souvent bien connaître les gens avant de rentrer dans leur sphère. Entre austérité, timidité et pudibonderie, oserais-je dire. En réalité, et peut-être paradoxalement, c'est, je pense, une des qualités des peuples nordiques. Et des Finlandais en particulier. Car bien emmitoufflés dans leur petit univers, ils nous offrent très souvent de la musique d'une grande qualité, d'une grande sincérité, sans prétention, avec ce côté toujours raisonnable et droit.

October Falls est donc l'oeuvre d'un seul homme, Mikko Lehto, le maître à penser, à la composition, au chant, à la guitare. Le batteur Marko Tarvonen (Moonsorrow, BarrenEarth) s'installe en musicien (pote) de session ainsi qu'un certain Sami Hinkka à la basse, qui joue habituellement dans Ensiferum (rien que ça). On y rajoute la présence, en invité spécial sur deux titres, de l'excellent chanteur Tomi Joutsen d'Amorphis. Du très beau monde, oui. Entre one-man band et all-stars band, la différence est ici assez ténue.

October Falls s'inspire ou se rapproche clairement d'un style de Metal pas franchement des plus guillerets. À  l'écoute de ce The Plague Of A Coming Age, on pense successivement à Opeth, Katatonia, Swallow The Sun, mais aussi à du Black Metal mélodique, atmosphérique, comme Agalloch, Ulver ou Empyrium. Fans de La Compagnie Créole, passez votre chemin.

The Plague Of A Coming Age n'est pas une ode à la joie de vivre. Les thèmes, l'atmosphère de l'album nous plongent dans une morosité dont le seul échappatoire semble résider dans une forêt sombre et tranquille, en compagnie de loups sauvages... mais apprivoisés. Cliché quand tu nous tiens. October Falls est, bien entendu, beaucoup plus profond que ça. Mais on pourrait le définir ainsi, globalement. Il faut donc toujours se méfier du "global" qui donne une idée parfois faussée (je dis ça spécialement pour les détracteurs de ce genre de groupe).

Ce quatrième album composé par Mikko Lehto ne bouleverse pas le genre finnois, mais apporte sa petite pierre à l'édifice. Un album très agréable. Pas de puissance extrême ici, pas de riffs "rentre dedans", de refrain taillé live. Tout est dans la retenue typique du genre. Quelques passages acoustiques, une série de mélodies lancinantes (comme la très belle ouverture, At The Edge Of An Empty Horizon), une voix gutturale pleine de douleur, du chant clair plein de maîtrise et le souffle du vent dans un paysage chargé de nuages.


*Ne pas écouter October Falls en période de déprime*


Les morceaux qui proposent plus de "rentre dedans" comme The Verge Of Oblivion, Mouth Of A Nation's Harlot, apportent un certain entrain rythmique, mais toujours chargé d'une morosité presque palpable.
Souvent classifié de "Pagan Metal", la musique de Mikko Lehto est plus à classer parmi les Black Sun Aeon et Swallow The Sun dans un registre Black/Doom/Rock aux ambiances païennes (l'appel de la forêt, les passages en arpèges) mais aussi "gothiques" (même cette appellation est devenue assez péjorative chez les Metalheads).
Below The Soils (conclusion de l'album) est juste sublime, avec le chant clair de Tomi Joutsen, caractéristique et maitrisé de bout en bout, dans un registre très intimiste (c'est le maître mot), aux sonorités mélodiques et atmosphériques.

En ce qui concerne la production et la qualité du son : Rien de spécial à signaler. Ce n'est pas l'enregistrement du siècle, mais c'est franchement pas dégueulasse.

7tsy5rmv.jpg

Pour conclure : il faut écouter October Falls avec un certain état d'esprit. Il conviendra parfaitement aux amateurs des styles scandinaves et finnois. Ce n'est pas un album purement bluffant, ce genre d'album qui fait frissonner à la première écoute, mais The Plague Of A Coming Age et à assimiler tranquillement, car de qualité. Musicalement il pourrait convenir à un large public, finalement, passé le cap du côté dépressif et sombre, on retrouve ici de nombreuses belles pièces très mélodiques et envoûtantes.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
I
de nantes.<br /> L'article est bon vendeur, mais pour un vieux on comme moi, qui en plus Adore l'Esthétique mièvre de Fin du Monde - Nous allons mourir, nous avons 21 ans, et Nous Sommes Malheureux - je les trouve un peu sous produit, et pas assez triste - la voix.<br /> Hypocrisy, dans son style différent, revigorant et prussien, fout plus la trouille.<br /> Nan mais j'aime bien. Faut sûrement écouter tout l'album pour être convaincu.<br /> Mais je critique un truc qui est là sympa.
Répondre
I
Il me semble que ce tu critiques - mon bon Ibuse - c'est la raison d'être même du hard rock / metal : le romantisme excessif qui fait tout est bruit / émotions définitives / électricité débridée / drame cosmique / et j'en passe. <br /> Oui, ici tout est Malheur. <br /> Je précise qu'il n'est nul besoin d'avoir expérimenté perso un événement pour se sentir concerné (et heureusement parce que si tous les fans de Slayer - par exemple - avaient vécu la Seconde guerre mondiale...)<br /> Maintenant, je ne te suis pas avec Hypocrisy. Pour ma part, je citerais plutôt Mar de Grises, voir ici : http://ibuso.over-blog.com/article-mar-de-grises-45208016.html